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Septembre
Les conflits chez le jeune enfant
Par Nathalie Leonard • Publié le 19/09/2025
En crèche, nous rencontrons souvent, une période durant laquelle les enfants se disputent.

Ces disputes peuvent être d’intensité variable, allant de la simple chamaillerie autour d’un jouet, au conflit permanent avec cris et bagarres...


1. Pourquoi existe- t-il des conflits

Avant tout, il est bon de se dire qu’il s’agit seulement d’une période, d’un stade de développement. C’est un moment difficile à passer, mais qui ne va pas durer dans le temps.
L’âge où apparaissent ces conflits plus fréquemment se situe autour de 18 mois/2 ans, en général, même s’ils apparaissent souvent avant, et qu’ils peuvent perdurer au-delà de 3 ans.

Cette étape est un peu un passage obligé dans le processus de socialisation. Pour cela, l’enfant a besoin d’agir sur son environnement. Il va donc agir sur les autres pour voir et comprendre comment ceux-ci réagissent. Et il va aussi être confronté à l’inverse, c’est-à-dire que les autres vont agir sur lui, ce qui va provoquer de sa part, des réactions, des réponses. Ce sont toutes ces interactions, qu’elles soient provoquées par l’enfant, ou bien reçues par lui, qui vont l’aider à se socialiser.
A cet âge, l’enfant est encore dans la pulsion. Il n’a pas la capacité d’analyser, de comprendre, de réfléchir, de prendre du recul, pour maitriser ses gestes. Il n’arrive pas à faire face à sa frustration.

C’est vers deux ans que l'enfant prend pleinement conscience qu’il est un être à part entière. L’apparition du « je » dans le langage en est un indice. Ainsi, il se rend compte qu’il a des capacités, et du pouvoir sur les choses et les personnes. On peut voir apparaître la fameuse phase d'opposition, pendant laquelle il va à la fois tester son pouvoir, mais aussi résister au pouvoir que l'autre veut exercer sur lui. C'est aussi une manière de s'affirmer, de se revendiquer comme une personne à part entière, de faire connaitre ces choix et de montrer sa capacité à faire seul. Cette phase d'opposition va s'exprimer ouvertement dans les relations entre enfants, et provoquer des tensions dans les interactions.


Un jouet est toujours plus intéressant lorsqu’il prend vie dans les mains de l’autre. Voir le poupon « s’animer » dans les mains du copain, va provoquer l’envie irrépressible de l’enfant de l’avoir, bien qu’il soit en train de jouer à autre chose à ce moment-là... On peut même voir des enfants lâcher la petite voiture avec laquelle ils jouaient, pour aller prendre celle avec laquelle joue un autre enfant, même si c’est la même !...
Bien qu’étant une valeur forte pour nous, adultes, la notion de « partage », ou de « prêt », est loin d’être acquise à deux ans. C’est bien souvent impossible, ou plutôt insupportable pour l’enfant de devoir prêter le jouet convoité. De plus, l’enfant considère que l’objet est à lui lorsqu’il est dans ses mains. Il n’a pas la même notion de propriété que nous.



2. Comment accompagner, au mieux, son enfant ?

Lorsqu’un conflit survient entre 2 enfants, il peut être tentant de régler le problème pour eux. Il est cependant plus constructif d’encourager les enfants à participer activement à la recherche d’une solution. En investissant du temps pour aider les enfants à trouver une solution au moment d’un conflit, vous leur permettez de développer plusieurs compétences. Les enfants deviendront plus autonomes et créatifs dans la recherche de solutions. De plus, ils apprendront à se contrôler dans une situation frustrante, un atout essentiel pour le reste de leur vie.

- Comprendre ce qu’il se passe dans le cerveau :

Il y a dans le cerveau de l’être humain des neurones particuliers, appelés « neurones miroir ». Ils ont la particularité de s’activer lorsque vous voyez quelqu’un réaliser une action, lorsque vous faites vous-mêmes cette action ou si vous vous imaginez en train de la faire.
Lorsqu’un enfant en voit un autre avec le camion rouge, en réalité dans son cerveau, ses neurones miroir s’activent. Le cerveau du jeune enfant étant encore immature, il ne peut résister à l’irrépressible envie de réaliser concrètement ce qui fait activer ses neurones miroir… et prend le jouet de son copain/frère/sœur… Ce qui crée le conflit. L’enfant ne le fait donc pas « exprès » ou pour « embêter » l’autre (l’adulte, l’enfant), mais parce qu’il n’est pas capable de faire autrement et de contrôler sa pulsion à ce moment-là. Pour accompagner la situation de manière bienveillante, il sera important de bien se souvenir de cette réalité neurologique.


- Apprendre à régler les conflits

Pour que le tout-petit apprenne à régler ses conflits, il est important de nommer les émotions qu’il vit. Par exemple, si l’enfant désire le livre que regarde son ami, on peut lui dire : « Tu aimerais avoir le livre, mais ton ami n’a pas fini de le regarder. Quelle solution pourriez-vous trouver ensemble ? »
Ce style d’intervention les amène à comprendre le point de vue de l’autre et les incite à s’arrêter. Peu à peu, les enfants apprennent à avoir du recul par rapport à leurs besoins pour prendre en consi-dération ceux des autres. Ils développent leurs habiletés à reconnaître et à nommer leurs émotions et celles que les autres vivent.
De plus, les enfants deviennent plus habiles pour résoudre leurs difficultés avec les autres de manière pacifique. Ils en tirent alors une grande fierté. Il est donc important de les accompagner et de les encourager dans leur démarche même si elle ne réussit pas toujours. De cette façon, vous leur enseignerez à persévérer, ce qui aura un effet direct sur leur estime de soi.
Cette approche peut être plus difficile à appliquer lorsqu’il y a un écart d’âge important entre les enfants. C’est alors l’occasion de développer l’empathie chez le plus vieux en lui expliquant que lui aussi a déjà été petit et qu’il a dû apprendre à partager. Vous pouvez également servir de modèle en proposant de faire un échange de jouets par exemple, une solution concrète qu’un tout-petit com-prendra bien.
Parce qu’effectivement, il n’y pas toujours nécessité d’intervenir. Les enfants sont capables de trouver eux-mêmes des solutions. Et c’est ainsi que se construit la socialisation.

- Se demander si notre intervention est vraiment indispensable

Devons-nous absolument intervenir ou pas ? Telle est la question qu’il faut se poser pour n’importe quel conflit entre enfant (et entre adultes aussi, d’ailleurs).
En effet, en tant qu’adulte, nous avons souvent tendance à intervenir à tout va dans les conflits des enfants. Dès qu’il y a un cri, un mot plus haut que l’autre, nous intervenons tels des sauveurs, par crainte souvent que la situation ne « dégénère ». Et c’est bien normal d’avoir peur de perdre le contrôle. Mais les enfants le comprennent vite, et lors d’un conflit, nous attendant notre réaction.

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